Enfants
il y a 6 ans - Julie D.
N’y a-t-il pas comme une petite contradiction à assigner un lieu au cirque ? Après tout, le cirque est le royaume des chapiteaux ambulants, des funambules et saltimbanques itinérants. Le nomadisme des troupes de cirque est bien connu. Alors pourquoi vouloir faire de Paris le « lieu » du cirque ?
Paris est la capitale de la bohème, à jamais associée à la ville qui a toujours réservé un accueil chaleureux aux artistes. Et c’est aussi à Paris que le cirque tel que nous le connaissons aujourd’hui a vu le jour en 1782.
Le monde du cirque, toujours magique, suspendu entre ciel et terre, navigant entre la haute voltige des écuyères, les sauts époustouflants des trapézistes et le divertissement plus terre-à-terre des clowns, a inspiré de nombreux artistes parisiens ou venus à Paris.
Les impressionnistes peignent au moment où le cirque devient un passe-temps à la mode à Paris, et se démocratise. À partir du Second Empire et sous la 3e République, soit la deuxième moitié du 19e siècle, les peintres comme Seurat rendent hommage aux artistes du chapiteau. Ce demi-monde en clair-obscur qui crée l’illusion et le rêve, inspire Degas, Toulouse-Lautrec, Chagall et Picasso par son ambiguïté, les pieds dans la sciure de la piste, la tête dans les étoiles.
Avec sa piste ronde, dont le rayon (13,5 mètres) est déterminé par la longueur du fouet du dresseur, le cirque traditionnel est à l’origine un spectacle de dressage de chevaux. Son inventeur est l’Anglais Philip Astley, qui devient entrepreneur dans le divertissement à son retour des Amériques après la Guerre de Sept Ans, en 1763.
La Philip Astley Riding School connaît très vite un succès retentissant à Londres. Sa réputation parvient jusqu’aux oreilles de Louis XV, à une époque où l’aristocratie française s’entiche avec ferveur de tout ce qui est anglais. Cette mode anglomane adopte l’habit anglais et les nobles français font collection de chiens de chasse et de chevaux anglais. Louis XV invite Philip Astley à Paris en 1772, et Astley n’en repartira plus.
Philip Astley s’associe à Antonio Franconi, bateleur d’origine italienne installé en France. Leur florissante association donne au cirque ses lettres de noblesse et les Franconi deviendront la première dynastie circassienne, présageant l’essor des Bouglione, Zavatta, Medrano et Fratelli.
Philip Astley et Franconi sont tous deux enterrés au cimetière du Père-Lachaise, comme il se doit pour des légendes françaises.
À Paris le cirque fait toujours rêver grands et petits : il se porte bien dans la Ville Lumière.
On a l’embarras du choix : plusieurs salles de spectacles accueillent des troupes en tournée internationale, d’autres, comme le Cirque d’Hiver Bouglione, ont élu résidence à Paris et présentent régulièrement leur dernière création.
Pour une liste complète des spectacles de cirque, voir l’Officiel des spectacles, rubrique « Théâtre », sous-rubrique « Cirque et Autres Spectacles ».
On ne peut pas parler de cirque à Paris sans mentionner cette institution. Rue Amelot, dans le 11e arrondissement, le majestueux Cirque d’Hiver est classé Monument Historique. C’est le plus ancien « cirque » du monde, si l’on entend par cirque un bâtiment en dur consacré exclusivement à ce divertissement. Sa fondation est caractéristique de son époque, l’éblouissant Second Empire qui s’étourdit de divertissements plus flamboyants les uns que les autres.
C’est le prince Napoléon Bonaparte lui-même, futur empereur Napoléon III, qui l’inaugure en 1852. Comme de tradition, le Cirque d’Hiver est d’abord le théâtre de spectacles équestres très élaborés, prisés par l’aristocratie qui apprécie les prouesses de magnifiques chevaux dressés avec un immense savoir-faire.
Mais très vite le Cirque d’Hiver diversifie ses attractions, et devient un cirque véritable, avec acrobates, jongleurs, magiciens, clowns, etc. Il accueille de nombreuses « premières mondiales » : c’est au Cirque d’Hiver que se produit Jules Léotard, le premier « artiste volant », inventeur du numéro de trapèze, en 1859.
Le Cirque d’Hiver a aussi été la toile de fond du film Trapèze, de Carol Reed, avec Gina Lollobrigida, Burt Lancaster et Tony Curtis. Un film dans lequel Achille Zavatta joue son propre rôle, et où l’un des personnages s’appelle Bouglione…
Aujourd’hui, il demeure le symbole du prestigieux cirque traditionnel, et accueille de nombreux spectacles et meetings. Il appartient toujours à la famille Bouglione, qui produit chaque année un nouveau spectacle. Jusqu’en mars 2018, il s'agit d'Exploit (bande annonce ici).
Cirque d’Hiver Bouglione, 110 rue Amelot, Paris 11e – métro Filles du Calvaire, ligne 8 – visite virtuelle du cirque sur la page Facebook
Le cirque se sent à son aise à Paris : plusieurs rendez-vous annuels font la part belle à ses pirouettes lors de vénérables festivals dont certains existent, excusez du peu, depuis plusieurs décennies.
Festival du Cirque de Demain, fin janvier – début février
La 39e édition de ce prestigieux festival aura lieu du 1er au 4 février 2018, au cirque Phénix, dans le 12e arrondissement. Chaque année, de jeunes artistes déjà confirmés mais encore peu connus viennent présenter leurs dernières créations devant un jury exigeant et un public fasciné. Les plus talentueux se verront récompensés d’un prix qui contribue souvent à les propulser sur le devant de la scène internationale.
Le Cirque Phénix, avec 6000 places assises, est coutumier des grands spectacles : à part le Festival du Cirque de Demain, il accueille tout au long de l’année spectacles et créations. Sa voûte impressionnante, sans aucun pilier, permet à tous les spectateurs de profiter du spectacle sans entrave visuelle.
Festival du Cirque de Demain – Cirque Phénix, Pelouse de Reuilly, Paris 12 – métro ligne 8 Liberté ou Porte Dorée – +33 1 45 72 10 00
Les animaux ne sont pas admis – le Cirque Phénix, du fait de sa puissante sonorisation, n’est pas recommandé aux bébés – disponibles : casques réducteurs de bruit et rehausseurs – accessible aux personnes à mobilité réduite (contacter le cirque quelques jours avant votre visite).
L’Atelier du Plateau fait son cirque, en octobre
Pendant trois semaines en octobre, du jeudi au dimanche soir, l’Atelier du Plateau fait son cirque, et ce depuis 16 ans. Cette série de spectacles privilégie les rencontres inédites et les moments magiques entre artistes de cirque et musiciens, comédiens, danseurs, clowns et acrobates. Dans une ancienne fabrique disposant d’une excellente acoustique, et qui peut accueillir des agrès aériens sous ses plafonds tout en hauteur, les improvisations et les mariages audacieux et créatifs.
L’Atelier du Plateau, 5, rue du Plateau, 75019 Paris – métro Jourdain – +33 1 42 41 28 22 – plein tarif 13€, moins de 12 ans 6€ – voir le programme de l’édition 2017.
Village de Cirque, Pelouse de Reuilly, en octobre
Tous les ans en octobre, la Pelouse de Reuilly dans le 12e arrondissement accueille le Village de Cirque pour un joyeux festival de cinq jours. Sous chapiteau, le festival fait la part belle à de jeunes troupes en tournée, pour des spectacles étonnants de virtuosité et de fraîcheur, qu’on quitte un large sourire aux lèvres.
Village de Cirque – Pelouse de Reuilly, Paris 12 – métro Porte Dorée – voir le programme de l'édition 2017.
Parade(s), festival des arts de la rue, Nanterre
Si l’on est à Paris vers la fin du mois de mai et le début du mois de juin, il faut courir à Nanterre pour assister à Parade(s), le festival des arts de la rue. Chaque année depuis pas moins de vingt-huit ans, ce festival gratuit et ouvert à tous accueille plusieurs dizaines de compagnies d’artistes. L’édition 2018 aura lieu les 1er, 2 et 3 juin.
Parade(s) – Nanterre, dans toute la ville – voir le teaser du festival 2017.